Par Bruno Malthet
Le 11 avril 2008 disparaissait Jean-Pierre Ravaux à l’âge de 66 ans après une vie consacrée aux musées, à l’histoire et au patrimoine de Châlons-en-Champagne. Le 16 mai, la Ville de Châlons rendra hommage à ce grand érudit en inaugurant un passage portant son nom.
Son amabilité et ses connaissances le rendirent vite indispensable dans de nombreuses sociétés savantes, comme les sociétés académiques de Châlons, Reims et Epernay, mais aussi dans les associations de défense et de mise en valeur du patrimoine, telles que les Amis du Vieux Châlons, la Nouvelle Catalaunie, les Amis des Musées de Châlons, l’Office de Tourisme ou encore les Amis de nos églises. Erudit, Jean-Pierre Ravaux le fut pleinement. Il n’est, pour s’en convaincre, qu’à parcourir l’imposante bibliographie composée de 140 articles et ouvrages qu’il publia sur l’histoire et le patrimoine.
De 1970 à 2002, Jean-Pierre Ravaux exerça sa mission de conservateur des musées de Châlons comme un sacerdoce en poursuivant un seul objectif : leur donner la place qui doit leur revenir dans la vie d’une capitale régionale. Il avait pour y parvenir un atout, la richesse des collections, et un handicap, le profond désintérêt des élus. Si le résultat n’a pas été toujours à la hauteur de ses espérances et des promesses qui lui furent faites, Jean-Pierre Ravaux n’en demeure pas moins l’architecte de la renaissance des musées de Châlons. En prenant sa retraite en mai 2002, il quitta les musées de la ville avec le sentiment de l’inachevé, mais aussi avec la fierté – bien que sa modestie naturelle n’en permît pas l’expression – d’avoir contribué à les enrichir, à les restaurer et à les valoriser.
Jean-Pierre Ravaux fut un érudit émérite qui s’affirma rapidement comme le meilleur spécialiste de la période médiévale châlonnaise. Ainsi lui doit-on de mieux connaître l’histoire des évêques de Châlons, ou encore, sous leur impulsion, celle de la prospérité économique de leur ville, dont ils étaient également comte, qui commença au XIème siècle et atteindra son apogée au XIIIème avec ses draperies, réputées jusqu’en Asie mineure pour être “ devant toutes autres draperies… et de très grande bonté ”. Ses recherches eurent, parfois, des rebondissements inattendus. Ainsi en alla-t-il de celui qui résulta de sa découverte d’une lettre du 25 janvier 1373 du roi Charles V octroyant 2000 francs or aux “ bourgeois et habitants de Chaalons en Champaigne ” et qui est le plus ancien document connu utilisant le nom de Châlons-en-Champagne. Il fait de Jean-Pierre Ravaux l’incontournable, et cependant fort discret, artisan du retour au toponyme historique de la ville dont il étaya le dossier.
L’édifice religieux qu’il a le plus étudié est la cathédrale Saint-Etienne de Châlons. De 1974 à 2003, il lui consacra 8 volumineux articles publiés dans les Mémoires de la SACSAM auxquels il convient d’ajouter un excellent ouvrage publié en 2001 aux éditions du Patrimoine : La cathédrale Saint-Etienne de Châlons-en-Champagne.
Chez Jean-Pierre Ravaux, histoire du patrimoine rime avec défense du patrimoine. Il la mena d’abord et dès l’origine avec les Amis du Vieux Châlons, contre la démolition du centre ancien de Châlons, puis, à partir de 2003, avec Nouvelle Catalaunie en s’engageant notamment pour sauver la destruction annoncée des caves médiévales du Centre commercial de l’Hôtel de Ville.
Le 16 mai 2009, sa ville natale lui rend hommage. Le passage d’accès à la bibliothèque reliant, depuis son ancien domicile, la rue Léon Bourgeois à la rue des Martyrs de la Résistance porte désormais son nom. Sa modestie aurait récusé cet honneur. Mais son œuvre au service de sa patrie méritait bien cette humble reconnaissance. En attendant celle, à venir, de la Société des Amis des Musées de Châlons-en-Champagne, dont il était fondateur et administrateur, avec la publication d’un hommage sous forme d’un recueil bibliographique.
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• 16/05/2009 - Hommage