L'extraordinaire Monsieur Oehmichen
Etienne Oehmichen est plus que le père de l'hélicoptère. C'est un inventeur de génie qui, pour expérimenter sa drôle de machine volante, imagine et met au point des instruments qui ont fait progresser la science.
"Nous ne tombons pas dans le ridicule parce que nous disons que nous ne savons pas. Quand, à une certaine heure, nous ne savons pas, il faut avoir le courage de dire : nous ne savons pas". Ce bon sens est celui d'Etienne Oehmichen, ingénieur, ouvrier, homme de science, pédagogue, écrivain et musicien à ses heures. Ce technicien humaniste, cet intellectuel manuel expérimente scientifiquement en faisant confiance aux intuitions des hommes.
Etienne Oehmichen, esprit universel, aborde les problèmes techniques de façon tout à fait originale. Il s'est donné pour tâche principale de libérer le moyen de locomotion aérienne de la vitesse qui en limite les possibilités d'emploi. Il s'attaque donc à la résolution du vol vertical dont le point le plus important est l'immobilisation stable en vol. Pour cela il utilise l'observation de la nature, véritable école de mécanique. Passionné de biologie animale, il étudie la locomotion des oiseaux, des insectes et des poissons. L'insecte est un véritable hélicoptère, parfaitement capable de se sustenter au point fixe. L'animal est un mécanisme dont il s'inspire pour construire ses engins volants. C'est le vol animal appliqué à la machine.
Pour rendre possible l'observation des phénomènes liés au vol des insectes et des oiseaux et à la nage des poissons, cet inventeur de génie mettra au point d'innombrables appareils de mesure et de contrôle. Ses réalisations les plus marquantes dans ce domaine sont l'invention du stroboscope électrique (qui deviendra le radio-troboscope), la mise au point de caméras rapides, de souffleries pour ses expérimentations en laboratoire et de balances pour tester les hélices.
Bien d'autres découvertes en mécanique et en électricité sont à mettre au palmarès du " père de l'hélicoptère " comme par exemple le projecteur cinématographique à boucle automatique ou la dynamo et le démarreur de Peugeot, à l'époque où les voitures s'éclairaient à l'acétylène.
Etienne Oehmichen, ce merveilleux fou volant
Etienne Oehmichen est châlonnais de naissance. Son père, colonel, dirige l'école d'artillerie lorsqu'il naît le 15 octobre 1884 au 3 boulevard Vaubecourt. Le jeune Oehmichen fait ses premières études à Châlons mais après le décès de son père, il part pour Lyon où il continue à étudier. Puis ce sera Montbéliard et Paris. Inventeur dans l'âme et passionné par le vol vertical, il fait ses premiers essais de modèles réduits stabilisés par des procédés divers au Champ de Mars à Paris en 1903. Il est admis à l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures d'où il sort ingénieur en 1908. L'année suivante il est adjoint au directeur du Service électrique de la Société Alsacienne de Construction Mécanique à Belfort (Alsthom). En 1910 il construit un banc d'essai de trois chevaux pour hélices sustentatrices. Deux ans plus tard il entre chez Peugeot à Beaulieu-Valentigney (Doubs) comme sous-directeur. Il y met au point une dynamo d'éclairage pour automobiles et un démarreur système P. O (Peugeot-Oehmichen). Il dépose avec Peugeot 12 brevets concernant l'automobile.
Sa mobilisation le 1er Août 1914 ne l'empêche pas de continuer à imaginer et expérimenter. En 1916 il construit un banc d'essai de sept chevaux pour hélices et devient adjoint technique du général Estienne, le promoteur du char d'assaut.
En 1917, il est délégué en usine par le Ministère des Inventions pour la réalisation de ses découvertes et la poursuite de ses recherches. Puis il est affecté au Ministère des Inventions. Il met au point des chenilles pour char d'assaut et un stroboscope électrique pour déceler les anomalies dans les moteurs des chars. Il est décoré de la Croix de guerre et de la Croix du combattant En 1918, il invente le stroboscope à rayons pour l'étude des mouvements des oiseaux et des insectes. Il publie en 1920 "Nos maîtres les oiseaux". En 1921, il vole une minute à bord de son premier hélicoptère. Puis ce sera 5 minutes, puis un kilomètre. Il perfectionne sans relâche ses appareils.
Lorsqu'il devient propriétaire de son laboratoire en 1930, il a à son actif près de 2 000 heures de vol en hélicoptère et dix d'expérience sur le terrain.
Il est fait officier de la Légion d'Honneur en 1935 au titre du ministère de l'Air et reçoit la grande médaille de l'Aéronautique.
Il reçoit la médaille d'or des inventions à la foire de Paris pour un calibreur pour le contrôle des tôles laminées en cours de fabrication avec une précision au micron en 1937.
L'année suivante il construit son dernier appareil. Puis il souhaite enseigner afin de transmettre son savoir. Nommé en 1939 professeur au Collège de France à la chaire de Claude Bernard et de Marey, ses cours portent sur l'aérolocomotion mécanique et biologique. Grâce à ses talents de pédagogue, il conquiert un large audotoire.
Il publie plusieurs ouvrages concernant ses découvertes biologiques et techniques. Ils ont pour titre " La sécurité aérienne ", " Animaux et machines ", " Propulseur et amortisseur de choc chez les animaux ", " Essai sur la dynamique des Ichthyosauriens logipinnati ".
Il donne son dernier cours au Collège de France le 11 juin 1955 et meurt le 10 juillet de la même année à Paris. Il est enterré au pied de la stèle commémorative du premier kilomètre en circuit fermé dans la plaine d'Arbouans, qu'il a inaugurée lors du 30ème anniversaire, en 1954.
Article complet dans Le Petit Catalaunien Illustré - Printemps 1996 - Numéro 15
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• 19/09/2008 - Ilustre savant châlonnais
Bienvenu au Panthéon des Châlonnais célèbres.